Appel aux armes
Syndicate 00. HQ Nap or War.
Le boss trônait dignement sur un vieux siège de Tempest récupéré sur la carcasse fumante d’un Huzzah trop confiant. Comme a son habitude il tirait furieusement sur un gros cigare dont le bout rougeoyant pointait ses interlocuteurs comme le canon d’un gun Matar. Son visage mal rasé trahissait une certaine souffrance qu’il dissimulait sous des grognements inintelligibles. Deux jours plutôt, le Boss avait été victime d’un terrible accident qui l avait éloigné du champ de bataille. Alors qu’il rentrait tout ce qu’il y a de plus dignement dans sa cabine en compagnie de ses trois secrétaires, il avait malencontreusement roulé sur une bouteille de vodka et atterrit sur son postérieur d une manière peu gracieuse. La version officielle pointait un attentat EON mais les mauvaises langues désignaient Marcus dont l’intérêt pour l’alcool était bien connu.
Blessé dans son amour propre, grognon et de mauvaise humeur, il balaya l’assistance d’un regard noir. Touts les pilotes de Nap and War s étaient regroupés dans une minuscule salle située dans les bas fonds de la station de Y9 : une vingtaine au total. Ils formaient une masse bigarrée et chaotique. Certain buvaient, presque tous fumaient et la moitie évoluaient dans un délicieux état de coma éthylique.
Apres avoir examiné sa brillante armée, il se tourna vers Marcus.
« Les nouvelles ? »
« On a tué des gens. C’était cool »
Le Boss plissa des yeux et regarda le document qu’il tenait entre les mains.
« Vous avez surtout tiré sur un bleu bande de tas de merde ! »
Dans le cadre de référence du patron, l expression n’était pas particulièrement agressive. Elle reflétait une certaine tranquillité d’esprit.
« Il m’avait engagé », se défendit Marcus fervent défenseur de la théorie des standings inversés.
Il se tourna vers Océanis, diplomate officielle, connue pour sa modération et son esprit conciliateur. Cette dernière roula les yeux et leva les bras vers le ciel d’acier.
« On tirait sur une POS. Un type qui s était installé chez nous. »
« Je vois », fit le Boss pas trop convaincu.
« Et que dise nos… »
Il ne termina jamais sa phrase. Au fond de la salle Vuz venait de se lever et brandissait un journal en hurlant.
« Regardez cela ! Regardez cela »
Un silence régna sur l assemblée l espace de quelques secondes. Non qu’interrompre le Boss fut un véritable affront, mais la lecture était pour la plupart des pilotes un art difficile et mystérieux.
« On parle de nous ! »
La tête du Boss se redressa légèrement. Ses relations avec les medias étaient des plus variables et houleuses.
« En bien ? », demanda-t-il soudain inquiet pour sa réputation.
Vuz au bord du fou rire commence à lire.
« Cela s’appelle Appel aux armes. »
« Ah ? Ils vont enfin fiter des armes ? », demanda Darman qui se nettoyait les ongles.
« On dirait qu’ils nous cherchent », commenta Vuz qui avait choisi d’opter pour la version résumée »
« On n’est pas difficile a trouver pourtant », éclata de rire Anegia en montrant les trente et kills du KB situés en face des quelques destructions ennemies.
« Oui mais il se plaigne que on n’engage pas leur petite fleet de canard », remarqua Oceanis en soupirant.
« Ah », fit le Boss. « On devrait ? »
Oceanis haussa les épaules.
« Bah il pourrait au moins faire un kill. A force de balader leur ships ils vont se fatiguer. C’est des indu.»
Le Boss approuva et d’un signe de la main demanda a Vuz de continuer.
« Le plus drôle c est que ils cherchent nos POS ! »
Le boss se redressa sur son siège un peu rapidement ce qui lui arracha un rictus de souffrance
« Quelles POS ? », demanda-t-il d’une voix grondante.
« Nos POS »
Il se tourna vers Oceanis qui avait toujours été très bonne question mémoire.
« On a des POS ? »
« Pas que je sache », répondit-elle d’une voix un peu lasse.
« Dommage », laissa tomber Vuz.
« Comment ca dommage ? »
« Ben oui. Ils offrent 200M pour la position et 1 milliard pour la destruction »
Un long silence régna dans l assemblée. Si les Nap or War ne lisait pas bien ils savaient calculer. Derrière les yeux rougis par les excès, les machines comptables se mettaient en route.
« C’est beaucoup d’argent », laissa tomber Darman
« Ouai »
Le Boss garda le silence pendant quelques minutes. Son brillant esprit élaborait un plan. Il leva la main. Sa décision était prise.
« Bon bande de merde. Vous allez me planter des POS partout. Des petites ! Vous allez me les vendre aux PEONS. Je veux mon super cap ! »
Un vibrant « viva » salua l’initiative du Boss qui se tourna ensuite vers Nemezio.
« Et toi. Les vacances sont terminées. Je veux encore des PEONS sur le KB. Tu as compris ? »
« C’est leur couilles que je vais accrocher sur le KB », répondit-il avec la poésie qui le caractérisait si bien.
« En chasse », conclu le Boss en s’appuyant sur l’épaule de son assistante.
Les pilotes sortirent un par un, la tête pleine de chiffres et de rêve.
La chasse aux PEONS reprenait.