Carnet de guerre

Publié le par Oceanis

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J’aime la guerre.

Ne me demandez pas pourquoi.

Peut-être suis-je devenue moi aussi une droguée de l’adrénaline, que j’ai besoin de ma dose de destruction et de souffrance, peut-être ai-je moi aussi sombré dans la folie sanglante des demi-dieux, peut-être suis-je devenue une capsuler, un être inhumain, vivant au dessus des lois.

J’aime la guerre et je ne sais pas pourquoi.

Et nous entrions en guerre.

Ce n’était pas notre première wardec mais à chaque fois je ressens cette même excitation malsaine, ce même plaisir cruel de voir nos vaisseaux se regrouper, d’écouter les voix de nos guerriers sur le mumble, d’entendre les ordres trancher sur le fond sonore des conversations des pilotes.

Nous avions décidé d’attaquer les maîtres de solitude. Une alliance de plus de 350 pilotes auquel nous allions aligner nos quelques navires. Ils bénéficient du nombre, d’une flotte de capitaux capable de nous pulvériser, Ils sont arrogants et grossiers, ils sont confiants et hautains. Ils sont nos ennemis.

Après trois semaines de harcèlement en low sec nous étions passés à la vitesse supérieure.

La Wardec.

La guerre totale.

La nuit précédente, nos scouts avaient signalé une longue migration de navires industriels ennemis faisant route vers l’Empire, fuyant ce qu’ils pensaient être le champ de bataille d’une guerre qu’ils espéraient gagner en une bataille de flotte décisive. Leur confiance était telle qu’ils avaient baptisé l’opération « débâcle française »

C’était sans compter sur la stratégie que le Boss avait mis en place.

Voici les carnets de guerre d’un pilote d’interdictor.

 

Premier Jour

 

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Notre flotte composée de navires rapides met le cap sur l’empire qui sera le champ de bataille de cette guerre, loin de Solitude et de ses soleils que nous revendiquons. Une fois sur place, la flotte se divise en deux groupes indépendants qui s’éparpillent comme une nuée mortelle.

Le ton de la guerre est donné.

Les premières cibles sont repérées et les flottilles se ruent dessus, bloquant les gate en quelques minutes. Nous savons que les premiers engagements sont toujours les plus décisifs. La première cible tombe en quelques secondes littéralement balayée par notre flotte. Le mortel ballet des flottilles de guerre prend son rythme de croisière, les flottes bougent dans tout l’empire, réagissant aux informations des agents qui nous donnent les positions de l’ennemi en continu. Des heures et des heures de chasse, des centaines de sauts, des rushs effrénés d’un bout à l’autre de l’empire à la poursuite de l’ennemi.

Les vieux réflexes de pirates nous reviennent, les positionnements sur les gate, l’équipe un et deux, les blocus de système. Xenon retrouve ses origines, ses méthodes de guerre préférées : la chasse rapide et le harcèlement que nous avons pratiqués si longtemps.

Comme toujours dans la guerre, la chance finit toujours par vous sourire. Alors que la nuit s’étire lentement et que la fatigue se fait sentir, une flotte de combat tombe sur un transport ennemi en transit. Il essaye de cloaker mais c’était sans compter sur la vitesse de réaction de Ted qui se rue dessus et l’immobilise. Le malheureux industriel supplie qu’on l’épargne, essayant de négocier son passage à coup de million d isk. Mais dans la guerre, il n’existe pas de compassion, il n’y a pas de place pour la raison, il n’y a que destruction, pleure et souffrance. Son transport explose en une boule de feu et son pod suit le même chemin. Plus par habitude que par conviction, un vaisseau se rue sur l’épave pour en vider les soutes.

Cri sur le chan.

Hurlement de joie.

Une POS.

Le malheureux transporte une large POS faction dans ses soutes.

Rush d’un indu pendant que la flotte surveillait l’épave et que Nicky faisait ses calculs. Plus de 1B d’isk capturé. Le premier gros coup de la campagne.

Les flottes repartent.

Nouvelle convo

Je suis habituée. Depuis le début de la guerre les mails d’insultes s’accumulent, nous promettons milles morts et souffrance.

Je salue, le plus froidement possible.

La guerre n’est pas une affaire personnelle, je n’y joue d’autre rôle que celui d’un pilote d’interceptor.

Il n’y a plus de place pour la diplomatie, plus de place pour le dialogue.

C’est le pilote de l’indu, le malheureux propriétaire de la POS.

Il me raconte son histoire.

Il devient autre chose qu’une cible, des traits se forment dans mon esprit, lui donnant une apparence humaine. L’ennemi se transforme en une personne, en une vie Evienne qui se termine brutalement dans une explosion de missiles.

« La POS était mon unique bien », m’explique-t-il. « Je n’ai plus rien ».

Je ne suis pas spécialement cruelle et je n’ai pas de mal à imaginer les heures de minages et de travail évaporés en quelques secondes.

C’est un coté de la guerre que nous préférons ignorer, celui des pilotes victimes des décisions de leurs dirigeants, dans ce cas de ce malheureux industriel victime innocente de l arrogance de son alliance.

Je discute avec lui, prêtant une oreille attentive à ses propos, tentant bien malgré moi de garder ce ton distant et froid qui nous caractérise face à nos ennemis.

Il me supplie de lui rendre sa POS.

Je ne peux rien faire.
Je lui souhaite bonne chance et je continue, répondant au chant envoutant de la guerre.

L’inty file à travers l’espace et l’histoire de l’indu tourne dans ma tête, assombrissant la victoire avec cette maudite dimension humaine que nous essayons souvent d’oublier.

Les cibles s’accumulent. C’est le carnage. Les industriels et les missioneurs abandonnés par leur alliance se font hachés par les flottes rapides qui les piègent aux gates, les poursuivent inlassablement d’un système à l’autre, ne leur laissant aucun répit.

Les mails de menaces continuent de tomber nous promettant mort et souffrance.

Nouveau cri. Une flotte vient d’intercepter un T3 à une gate. La réaction est immédiate, la flotte fond de dessus. Un vaisseau ennemi préfère faire demi-tour plutôt que d’aider son camarade, nous laissant le champ libre.

24 heures de guerre et 2,7B de navires et matériel détruits contre à peine cinquante millions de notre coté. Le bilan est effroyable. Le choc est terrible. Plus de vingt personnes ont quitté l’alliance ennemie, d’autres essayent de former une nouvelle corporation dans une tentative inutile de fuir le champ de bataille. Le Boss les wardec aussi vite.

Il n’y aura pas de répit.

La guerre sera totale et meurtrière.

Sans pitié.

 

Deuxième jour.

 

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Moins de prises. L’ennemi est devenu prudent, les activités paralysées par la guerre.

Pour la première fois, les fighters ennemis montrent leur bout de leur nez, se regroupent à la sortie du pipe de solitude.

Mais le terrain nous appartient, nous bougeons et continuons de frapper. Il n’y aura pas de conflit de flottes préparées á l’avance où leur puissance de feu nous écraserait, nous dictons le rythme, nous mettons la musique sur une symphonie mortelle sur laquelle ils n’arrivent pas à danser.

Nouvelles explosions.

Mon interdictor file parmi les étoiles si indifférentes à nos drames humains.

J’aime la guerre.

Je suis une capsuler.

 

Troisième jour.

 

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Cri de victoire.

Les pertes ennemies viennent de passer les 3B.

Je lance un mail. La campagne psychologique suit son rythme.

L’ennemi est prudent, presque paralysé. Les traques sont longues et se terminent devant une station.

Nicky wardec une corpo d indu récemment formée : des anciens de Phoenix.

Convo.

Je prends et je salue froidement. Après les dizaines de mails d’insultes et de menaces, je n’ai plus trop envie de discuter. Je soupire. La guerre n’est pas une question de personne. Au boulot.

C’est l’homme à la POS détruite, il veut savoir pourquoi nous les attaquons. Je lui explique que créer des corporations fictives n’est pas une solution pour échapper à la guerre. Panique. Nouvelle discussion. Il me promet qu’ils n’ont plus de relation avec Phoenix. Je lui demande de me confirmer les faits par mail. Il le fait.

Nous retirons notre wardec et je lui souhaite bonne chance.

La flotte fonce vers Jita. Les moteurs de l’inty rugissent et les gates défilent à toute vitesse. Combien de sauts ai-je fait ces trois derniers jours ? Des centaines probablement. Toutes les cibles sont poursuivies, pourchassées et implacablement campée.

Un groupe de Xenon rate un transport. Nicky jure un peu. Il jure souvent pendant les wardec, cela fait partie du foklore. On commence à camper. On sait que cela peut durer longtemps. Très longtemps. Peu importe, nous sommes patients et nous nous disposons sur les gate.

L’ennemi bouge dans son système mais ne saute pas. Lui aussi a de l’intel, car la guerre c’est avant tout une question d’information.

Il est onze heures pour mois, il doit être cinq heures du matin en Europe. Les pilotes sont fatigués.

Le Boss décide un mouvement de repli sur une des gate et donne l’ordre de dégager.

Lei reste sur la gate.

Il bouge plus.

Nicky crie sur le mumble, secoue son clavier.

Pas de Lei.

Son vaisseau reste immobile devant la gate.

Cinq minutes interminables.

« Lei ? »

« Ouai »

« Tu t’es endormi »

« Ouai »

Il doit être six heures du matin et Lei saute enfin. On décide d’attendre cinq minutes.

« Jump ! Jump ! »

Je ne reconnais pas la voix mais je fonce. L’inty démarre comme un bolide et fonce sur la gate.

Tache rouge.

Je lock.

Je fais feu.

Hemtoz est dejà dessus.

C’est un caracal.

Nouveau jump et le scout signale une large flotte sur la gate.

Ils sont plusieurs cette fois.

On ne lâche pas le croiseur Caldari et continuons de faire feu devant le nez de la flotte de soutient qui essayent de nous locker avec leur BS.

Notre flotte est trop rapide.

Le caracal explose, on laisse le POD et nous nous éparpillons dans le système laissant les renforts en compagnie de l’épave de leur compagnon.

Nouvelle journée de guerre.

Nouvelle journée de mort.

Bienvenue sur Eve.

 

Jour quatre

 

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Nouveaux kills

Nouveaux mails.

La guerre se poursuit.

Je suis heureuse.

 

Jour cinq.

 

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L’Empire est devenu désert.

Deux corporations se sont formées sur les restes de notre ennemi.

Je les contacte à nouveau pour m’assurer qu’ils n’ont plus de relation avec la cible. Diplomatie musclée car une Wardec pèse sur leur tête, de quoi rendre ces industriels honnêtes et coopératifs.

Nous filons vers Solitude à la recherche de nouvelles cibles.

La guerre est partout.

Nous engageons un Falcon à une gate qui parvient à sauter et nous échapper.

Ils savent que nous sommes là et ils ne restent plus qu’a attendre.

Ils ne sont pas rapides.

Une flotte se forme péniblement à Elore et se met lentement en route. Le scout nous informe de la position. Huit navires dont une majorité de battleship. Trop lourd pour notre flotte rapide et nous décidons de reculer vers le 00.

Ils nous suivent, à leur rythme habituel, celui de tortues asthmatiques. Une fois encore, on sent que la prudence s’est transformée en peur, que les provocations sont devenues vides et ne dupent plus personne.

Ils ont peur.

Et la peur cela se sent.

Un premier navire saute en 00, attend, suivit du reste de la flotte.

On les observe, prêt à intervenir.

Ils ont la résistance et la puissance de feu, nous avons la mobilité, le pouvoir d’engager et de rompre le combat à tout moment. Deux esprits différents, deux façons de faire la guerre.

Ils attendent quelques minutes, collés à la gate, puis finissent par warper vers une gate de low sec. Ils n’aiment pas le 00. Toujours cette même peur.

Un scout les suit.

Cri sur le chan.

« Ils se font engager »

Notre flotte warp sur la gate.

« Hop drop »

Le scout énumère les cibles dans la confusion totale.

Nicky s’énerve.

On change de scout et Ctomb file avec un bomber.

« Des NOTR. Deux carriers et une flotte complète ».

La flotte ennemie se fait démonter par les pirates. Ctomb lâche quelques salves de torpilles.

On décide de rusher. Les premiers pod sortent du système ainsi que quelques rares survivants. Le gang fonce vers le high sec pour leur couper la route et nous parvenons à les coincer dans solitude. Ils ne restent plus qu’attendre.

Un ennemi tente sa chance en Assaut ship et attaque un de nos navires isolés à une gate. Mauvaise idée. Le reste de la flotte bouge à toute vitesse, jump et l’ennemi est à nouveau submergé par le nombre. Je le disrupt et les lasers du crusader lâchent leurs salves. Explosion. Le Pod suit le même chemin.

La débâcle.

53 kills contre 3 pertes de notre coté.

98,35% d’efficacité sur les cinq premiers jours de la campagne.

Le Boss est satisfait. Le moral est au plus haut. Il nous faut juste garder la tête froide et continuer. Encore et encore.

Un Dramiel vient nous narguer sur la gate.

On n’a plus envie de jouer. Il est tard et la flotte rentre à la maison.

Home sweet home.

Solitude nous appartient un peu plus ce soir.

 

 

http://www.xenon-inc.net/killboard/?a=cc_detail&ctr_id=14

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