Une POS de trop....

Publié le par Oceanis

J’étais retournée à la base pour « fitter » mon « Ferox » encore tout neuf. Autant vous dire que j’avais l’estomac dans les chaussettes à penser que j’allais devoir engager mon petit bijou dans une mission aussi hasardeuse que dangereuse.

Moi c’est Oceanis Sol, vous me connaissez maintenant, noob, pilote de poubelles volantes et bien entendu membre de la Solar Wing Industry.

Le « Boss » avait été clair quand un type lui avait demandé :

« Ca va être dangereux ? »

« Ca peut… »

Quand le « Boss » devient énigmatique vous pouvez commencer à réviser votre assurance vie. C’est mauvais.

L’annonce était tombée dans l’après midi sur le "chanel" de la corporation. Nous partions en guerre. Entendez par là que nous allions mener un raid contre une « POS », la détruire et en construire une nouvelle à la place. Rien que le mot « POS » me faisait trembler mais l’idée d’engager mon Ferox en zone dangereuse me rendait nauséeuse. A vingt million la bête, sans compter le « fit », on finit à s’attacher à ses petits morceaux de métal….Comme quoi les sentiments vont parfois se nicher dans des endroits surprenants.

En bon soldat, je m’attachais donc à rendre ma machine de guerre aussi dangereuse que possible, exercice qui m’aurait causé pas mal de maux de tête, si je n’avais pas eu un « fit » de base qui me permettait d’aller relativement vite. Les railguns furent remplacés par des armes ioniques qui allaient devoir me pousser à lutter contre l’instinct de survie qui consiste à s’éloigner du danger. Mon doux petit bébé était prêt à en découdre. Du moins je le croyais.

Le Ferox prêt, je fus affectée au transport de fuel dans un zone « sure » à proximité de l’objectif. L’idée était bien entendu d’exploser la « POS » et de construire la notre. Tout les « Indu » furent réquisitionnés et la flotte se mit en route. Le « Boss » dictait les destinations tandis que nous passions prendre les livraisons dans les stations, avant de mettre le cap sur un endroit que je ne peux évidement pas vous révéler.



De la routine. Libérée de la peur qui m’accompagnait lors de ma première sortie, je me rendis facilement à destination pour livrer ma marchandise. Manque de chance, un « camp gate » eu raison de mon pauvre « Badger » sur le chemin du retour, l’envoyant rejoindre les poussières d’étoiles que je semais dans la Galaxie depuis un moment. Heureusement que j’échappais à l’éco taxe et que ma réputation de pollueuse ne devait pas franchir les frontières de notre système.

Comme il était vide et assuré, cela ne m’affecta pas outre mesure.
C’est la vie Baby.
This is Eve.

Rentrée à la base via « POD EXPRESS », il ne me restait plus qu’à m’installer dans le « FEROX » et terminer l’avitaillement.  Prévoyante, je remplis mes soutes, le frigo et le cendrier (en option) de munitions avant d’en laisser un stock supplémentaire au vaisseau de logistique qui allait nous accompagner. Toute la corporation était au rendez vous. On avait besoin du moindre « DPS ». Même les « cassent cailloux » étaient invités à se joindre à l’expédition. On était bien décidé à en finir avec cette POS même si on devait l’abattre à coup de pierre.

Manque de bol, Sasha, notre Rambo galactique dont le nom vous est familier avait décidé de prendre des vacances et manquait à l’appel. Un de nos plus gros « dps » allait manquer le feu d’artifice. Il allait en manger son casque le bougre.



Nicky ordonna le regroupement dans notre système de « base » et les vaisseaux commencèrent à orbiter lentement. Il y avait de tout. Des frégates, des cruisers, battecruiser, battleship…tout ce qui pouvait voler était au rendez-vous. Personne ne fut laissé de coté et tout le monde était invité à se joindre à la force expéditionnaire. Je dois dire que bien que de taille modeste, voir notre petite flotte se regrouper, me donna un pincement au cœur. Eve est certes un monde cruel mais dans une corpo la solidarité n’est pas un vain mot. Il y en avait de toutes les tailles, de toutes les races et bien entendu pilotés par des pilotes à l’expérience parfois douteuse. Mais qu’importe, notre meilleur arme était l’enthousiasme et une confiance presque aveugle en notre «patron ».


Nous y sommes. C’est le départ.


Le « Boss » indique la route et donne les dernières instructions.


Les sauts se succédent lentement au son de la musique désormais familière des « Warping », « Jumping », « Wait Gate ».


 Rassurante, la voix de Nicky explique, encore et encore.

« Laissez le canal fleet clean…attendez aux gates…Moa scout devant…..lisez les broadcast…. »


Entre temps, une mauvaise nouvelle nous arrive : un de nos inventeurs vient de perdre 100M d’isk en traversant une zone dangereuse.


Saloperie de pirates. Ils sont partout. Il y a de la tristesse, mais aussi de la colère.

Sur Eve l’imprudence et la témérité se paye au prix fort. Il n’y a pas de raccourci, pas d’improvisation…juste de la prudence et encore de la prudence….je note la leçon sur mon petit carnet rouge intitulé : « Boulette et Noobitude en tout genre ». Je dois dire que le dit carnet, grâce à mon apport constant atteint déjà une certaine épaisseur.

« Welcome to Eve », me dit la petite voix que j’ais entendue il y a maintenant un mois. Je me sens moins bienvenue soudainement. Je vois déjà mon « Ferox » exploser en une jolie étoile de lumière blanche.


La flotte continue. Deux « squad » répartit entre Nicky et moi pour une obscure raison de bonus. Un vaisseau repére notre passage commentant notre arrivée d’un « fuck » très expressif qui m’arrache un sourire.


La peur.

C’est la moitié du combat.

Dernière gate et nous sommes sur l’objectif. Nicky « warp » et on suit.

Arrivées massive dans la zone et apparition de notre flotte.
Je scan.
J’ai horreur de cette sensation d’arrivée dans un coin inconnu.
Je ne suis pas seule bien entendu mais mon « Big Dady » warp avec la célérité d’une danseuse de ballet obèse et anémique. Autant dire qu’en cas de coup dur je serais la dernière à fuir.
Tout est calme.
La POS est là avec ses installations qui orbitent lentement.

Les défenses étant inactives, le feu se concentre d’abord sur les silos. Chaque minute il y a une explosion noyée dans un déluge de bruit de canons et missiles divers. Les silos explosent un à un. Je marque les cibles pour mon squad. Elles se succèdent dans un bruit terrible. J’entends à peine les voix sur la fréquence de la flotte.

Nos transports pillent les restes les stockant dans une station à proximité.



Nous sommes en guerre. Le mot a quelque chose d’enivrant. Nos statuts ressemblent maintenant à des lampes sur un sapin de Noel : clignotant et rouge.


Le Ferox orbite lentement tirant de ses six canons.

Je le place a 2000 mètres de l’objectif, poussif, ronronnant comme un gros chat.
J’entends les torpilles de Nicky passer et les missiles des « cruisers » qui viennent s’écraser contre l’acier des structures.

Un œil fixé sur le radar, je me permets de respirer. Tout se passe bien. Aucun hostile en vue, rien que des « bleus » et des « neutres » probablement venus aux nouvelles. Je surveille les entrées et les sorties comme une Madame « pipi » Galactique.  Mo fait de même. Je n’avais aucune intention de me laisser surprendre par un point rouge.


Pendant que nous écrasons les structures, j'ai quand même le temps de negocier un "NAP" en compagnie de Nicky, assurant notre interlocuteur de notre status de corporation pacifique et industriel.

Sur le champ de bataille la situation change. Notre force de frappe s’est maintenant attaquée à la tour de controle et nous nous heurtons à une résistance imprévue. Après une heure de pilonnage intensif, le bouclier restait pratiquement intact. Nos scientifiques de service estiment que l’assaut va durer des jours. D’habitude je n’ai qu’une relative confiance en ces prévisionnistes de pacotilles mais je dois reconnaître que la situation n’est pas brillante. Le bouclier reste pratiquement intact et nos munitions s’épuisent malgré les allés et retour de « Mo » qui joue la cantinière des étoiles avec son furtif.



Nicky appelle des renforts. Entre temps un premier hostile est venu nous rendre visite avant de reculer. La situation se complique. La bataille dure depuis presque trois heures et les risques augmentent.


Trente minutes et la nouvelle flotte se joints à nous. De gros navires venus d’une corporation amie. Certains passent en « mode siège » et le pilonnage reprend de plus belle. Un déluge de feu.


Du coté des hostiles, la situation se détériore. Nos scanners montrent l’arrivée de quelques rouges qui se tienent pour l’instant à l’écart. Immobilisés les navires de sièges sont des proies faciles et l’inquiétude monte d’un niveau.


La tour de controle de son coté résiste à nos assauts.


Mon instinct me dit que tout cela allait très mal finir. Je baise mon contrat « platinium ».

Vous allez croire que je suis pessimiste mais avouez que dans cette galaxie pourrie il y a de quoi l’être ! L’action éclair se transforme en véritable siège et les bandits se regroupent aux gates.

Finalement, face à l’arrivée massive d’hostiles, le « Boss » donne l’ordre de repli et les deux flottes se séparent. La notre rejoint un « safe point » tandis que nos alliés disparaissent vers une destination inconnue.


La question que tout le monde se pose est maintenant : comment rentrer à la maison sans y laisser la moitié de nos navires ?

La gate est visiblement fortement campée et les méchants sont de plus en plus nombreux. Il y a de l’orage dans l’air.

Finalement, après une brève discussion, il est décidé que notre flotte accostera dans une des stations du système et que le voyage de retour se ferait en shuttle. A défaut de « shuttle » la flotte se réduit à quelques « POD » qui franchissent la gate traversant l’espace vers la sécurité de notre territoire,


Je suis satisfaite et soulagée. « Big Dady » repose dans une station Amarr et j’ais vécu ma première action de guerre. J’arbore presque fièrement mon nouveau standing en chantonnant ma chanson favorite : « Entre todas las vidas yo escojo la del pirato cojo, con parche en el ojo, con cara de malo. El viejo truhan capitan de un barco que tuviera por bandera un par de tibias y una calavera”





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B
Superbe, très agréable à lire. Vraiement tu m'a fait passer 20 Minutes de pur bonheur avec ce récit. Merci à toi ! et encore BRAVO !
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B
Merci pour ce joli récit.<br /> Tu me rappels mes débuts. Continue et éclate toi. Les POS Warfare n'est pas le plus fun de eve mais bon. <br /> Fly Safe ;)
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